Tu pénètres sous la tente avec une certaine appréhension, tu avais eu l'occasion, il y a 5/6 ans, de voir les débuts d'une certaine Scout Niblett au Witloof Bar du Bota.
Une gamine agaçante, ne sachant pas jouer un accord de guitare et s'amusant, comme une gosse de 6 ans, à frapper sur une batterie reçue pour la Saint- Nicolas!
Des potes m'avaient bien dit: c'est bon ce qu'elle fait maintenant.
Thomas l'incrédule: voir/entendre avant de croire !
On a vu, entendu et revu son jugement: Emma Louise Niblett, alias Scout Niblett, nous a servi un set convaincant et passionné!
Son cinquième album ' The Calcination of Scout Niblett' est produit par le géant Steve Albini, comme les prédécesseurs, d'ailleurs. Gage de qualité.
20:00 Scout Niblett, armée d'une électrique, nous balance quelques bruitages noisy du meilleur effet. Guitare saturée et un timbre envoûtant...And the voices said: just do it...
'Just do it', qui ouvre le dernier né.
Du blues minimaliste, primitif, écorché, aux relents grunge.
Une voix de jeune femme révoltée, pareille à celle du boeuf acheminé vers Cureghem pour être étourdi avant la fatidique saignée.
'I B D' tout aussi hanté et tendu.
'The Calcination of Scout Niblett' sans vouloir être péjoratif, on peut oser la sentence : Scout Niblett est la Cat Power ou P J Harvey du pauvre.
Une prière hallucinée...God, Why don't you stop using me... Poignant!
'Pom Poms', with some earthy blues riffs, avant de voir la traumatisée continuer à la batterie et reprendre les mêmes lyrics ...Does anybody know a cute girl with some pom poms?
Does anybody know a cute girl with some pom poms?...
Pas de réponse dans la salle!
Elle enchaîne sur une prédiction fin du monde: 'Your beats kick back like death' , aux lyrics réjouissants .... we're all gonna die... on sait pas quand, ni comment... mais c'est inéluctable.
Je t'assure, personne ne rigolait!
Jusqu'ici elle s'adressait à nous par un timide 'thanks', pour montrer que le titre était terminé, là elle balance: 'Any questions, Brussels?'
Estomaqués, on est!
Elle répète.
Un olibrius ose 'How are you?'. Paraît qu'elle va bien, malgré le jet lag.
D'une voix murmurée et solennelle: 'Duke of Anxiety', nouveau blues dépouillé pour te remonter le moral.
'Dinosaur Egg' respirant la joie de vivre. (Cherchez l'erreur!).
Une bluesy ballad gothique et austère: 'Kiss' . Sur l'album Miss Niblett est accompagnée par Will Oldham.
Le titre meurt sur un cri déchirant:ne brise pas mon rêve!
Un dernier blues hispanique (basé sur les accords de Spanish Caravan) et doté d'une longue intro: le fabuleux 'Meet and Greet'.
..isn't it good... répété et répété...faut que ça rentre dans ta cervelle, mec!
Le morceau explose en rock Lynchien étourdissant.
Excellent concert!
Jean-Louis Murat
Place à l'Auvergne et à un de ses citoyens les plus médiatisés: Jean-Louis Bergheaud, plus connu sous le pseudonyme de J L Murat.
Depuis 1981, l'introverti de La Bourboule a sorti plus de 20 plaques.
Dimanche soir, Bruxelles a vu la meilleure facette du Moujik.
En forme, légèrement blasé, et accompagné d'un trio de classe: Denis Clavaizole aux claviers, Stéphane Reynaud à la batterie, Fred Jimenez à la basse, il nous a servi un show 5 étoiles où le rock, le blues, le Nashville sound côtoient douces ballades ou slows langoureux, le tout décoré de lignes de guitare sublimes.
Faut pas oublier que le JL est un as de la gratte.
21:15' Bonsoir, mesdames, messieurs.
Une longue intro pour entamer le drame paysan intrigant 'Ginette Ramade' ...tous descendront des hautes montagnes... Superbe jeu en laidback.
'La Mésange Bleue' petit tour en forêt par temps brumeux.
Russie enneigée: 'Taiga' ..tout se fige...sur nappés de claviers lisses.
Un gros rock grandiloquent: 'Pauline à Cheval' ..un dieu distrait..! Poésie polissonne.
On continue le tracé rock, le brutal ' 16 heures, qu'est ce que tu fais'.
Une ballade bluesy, chantée d'une voix de crooner, clin d'oeil au King: 'Falling in love again'.
'Mousse Noire' au ton désabusé:
Tout ça porterait à rire
Si il n’y avait le désir
A la porte dorée de mon cœur
Tout ça porterait à rire
Si il n’y avait le plaisir
Mousse noire de mon malheur
Ce mec, c'est pas Lange Jojo!
'Chanter est ma façon d'errer' du Woody Guthrie, façon Massif Central!
Le marécageux et obsédant 'Taormina' où il chante...la mort est dégueulasse..
Nouveau rock sautillant et énervé: 'Yes, Sir !'
Bruxelles en ébullition, un volcan qui va rugir!
Faut les calmer, un slow chanté façon dragueur du supermarché et guitare gluante: 'Oiseau de Paradis'.
Tu danses, Vanessa?
Murat fait son Jean Gabin!
Finie la rigolade, retour à la castagne: 'Le Train Bleu', nouvelle merveille poétique.
Putain, quel guitariste, le Rimbaud auvergnat!
Une dernière pour la route, Bruxelles?
Le sensuel 'Se Mettre aux Anges', le salaud s'attaque à nos tripes.
Ma voisine entre en pâmoison, sa copine est proche de l'orgasme, le titre éclate en déflagration sonore agressive.
1h25' de haut niveau, on sait qu'il va se repointer.
Un ahuri lance 'On t'aime Alain Chamfort' avant de voir le retour des mousquetaires!
' Comme un incendie' , Bruxelles bat la mesure et le cowboy de chanter son épitaphe... inutile de me chercher parmi les morts...
Tout ça pour nous rappeler que son dernier CD ' Le cours ordinaire des choses' a été enregistré à Nashville avec le concours de musiciens travaillant d'habitude pour Linda Ronstadt, James Taylor, Randy Travis ou Alison Krauss...
Qui, tu me demandes?
Allez un ou deux: Michael Rhodes, Dan Dugmore...
Bis 2: me semble que j'avais emmené un harmonica, vais vous en tirer quelques lignes pour ce titre à la mélancolie Ennio Morricone: ' Les Voyageurs Perdus' .
Que veux-tu ajouter à ces vers?
Tu quittes mon amour
Déjà je ne suis plus
Qu’un embrun de passage
Qui retourne aux nues
Et c'est pas fini, attendez, je consulte mes compagnons.
D'accord, on leur en met plein la vue.
Charles Baudelaire, ' L'examen de Minuit' .
Belle page de rock cathare pour terminer la messe Murat!
105' géniales!
|